RAP DE LOU MARETTE
maire de Mazères
et mauvais conseiller des environs.
par Rasco
Le Mot de Monsieur le maire (nº 38 de L’écho de la Bastide) propose de « faire briller Mazères des mille feux de l’espérance. » Pris au mot par un poète mazérien, Louis Marette offrira peut-être sa voix et son sens du rap dans le micro municipal. Chiche !
Il s’agit d’une ballade. On nous dit que tout le monde reconnaîtra son auteur. Nous donnons notre langue au chat ! D’autres œuvres du même acabit nous sont promises. L’idée est bonne, même si le trait est quelquefois plutôt coriace. « L’heptasyllabe convient parfaitement à un rap pas trop américain. Les possibilités de rythme sont très variées, » nous écrit ledit Rasco. Merci pour la précision. Nous sommes dans l’attente d’une version sonore. Si quelqu’un est tenté… Joyeuses fêtes !
Allez hop ! Un verre de l’amitié !
Puis deux… puis trois… Lou Ma Rette !
On est ami à perpette.
Ça vaut mieux que d’êtr’ pédé !
À la fin on est bourré.
On voit double et c’est tant mieux.
On est là pour se marrer
Avec l’Armée, avec Dieu !
À Mazèr’s on boit sans soif.
Puis quatr’… puis cinq… Lou Ma Rette !
Chienchien, faisan ! Ouaf ouaf ouaf !
Six… sept… huit… Bonjour la fête !
Et neuf… pas plus… C’est promis !
Comme les doigts de la main.
Pas plus… Pas plus… Et demi !
Un de trop et c’est deux mains !
Faut pas pousser… Rasibus !
Car le verr’ de l’amitié
C’est pas fait pour les minus.
Milic’ ! Tue ! On a gagné !
Ah ! y sont faits comm’ des rats
Ces écolos au grand cœur.
Quand le clairon sonnera
On en f’ra des travailleurs.
L’aliment quand c’est pas gras
Ça se mélange avec l’eau.
La boisson des alcolos
C’est tout bon pour le foie gras.
Lou Marette a pas les foies
Dans le djebel des héros.
Pourquoi qu’il aurait le foie
Aussi pourri qu’un négro ?
On va leur montrer comment
Qu’on fait pour lever le verre
Et tirer d’bons coups en l’air
Sans polluer les enfants !
Famill’ ! Patrie ! Et Milice !
Au travail les bons à rien !
Au fourneau les immondices,
Ceux qui menacent nos biens !
Plus d’essenc’ pour les scooters
Et plus rien pour le MacDo !
Non mais d’quoi on aurait l’air
Si on buvait que de l’eau !
Et aux pieds les maréchaux
Des logis, les collabos.
À plat ventre les zéros
Qui protègent les oiseaux !
Pan pan ! Cucul ! Pan pan cul !
Le gendarme est notr’ valet.
Pour la chasse on est élu.
Ya pas d’heur’ pour surveiller.
Un’ caméra dans le cul
Des citoyens délateurs.
Ah ! si ils avaient prévu
Que c’était ça le bonheur !
Ils auraient foutu le feu
À l’église et au curé,
À la mairie, au musée,
Mais on est tell’ment heureux !
Heureux d’parler aux oiseaux
À coups d’fusil dans la panse !
Et d’pouvoir donner un sens
À l’uniforme, au drapeau !
Loubards de l’économie,
On s’impose avec la chasse.
Faut qu’ ça passe ou que ça casse.
L’écolo est notre enn’mi !
Il est pire que le fellah.
Il connaît des trucs méchants.
À Saverdun yen a pas
Un qui vaille un pipi d’chat !
On va pas s’la laisser mettre
Par ces enculeurs d’tourner
En rond dans nos petiot’s têtes.
D’ailleurs c’est nous les pédés !
Mais pas des pédés pédés.
Des as de la tronfignole.
Pas des qui s’la mett’nt après.
Des montés à toute gnôle.
Et dit’s pas qu’on exagère !
On veut bien se faire élire,
Mais en tout bien tout pépère.
Si vous voyez c’qu’on veut dire…
Bref comme c’est interdit
Dans notre beau grand pays
De massacrer des harkis,
On s’fait la main au pipi.
C’est pas tous les jours marrant,
Mais ya des compensations.
Les oiseaux, c’est notr’ passion
C’est mêm’ notre amour d’enfant,
Ce qu’on prouve sans paiement
Et sans autr’ détournement
De fonds, ni d’mineur enfant,
En les hospitalisant.
Faut qu’ ça dure et qu’ ce soit dur !
C’est la bonne politique.
C’est pas qu’on en soit très sûr,
Mais on est en république
Et on n’a rien trouvé d’autre
Pour décorer l’autoroute
Que possède Trigano
Pour le bien de tout le monde.
Et si ce dernier quatrain
N’a ni rime ni raison
C’est qu’on nous prend pour des cons,
Mais des cons intelligints !
Alors c’est dur et ça dure.
C’est un terrain militaire
Avec des arrêts en dur
Et de chouettes pissotières.
Ya des crapauds et des con
Gelés avec des épices
À la Ferme z’aux délices
Où tous les coups fourrés sont
Permis pourvu qu’on se taise
Sur la qualité d’la bouffe
Qui a comme un goût de chaise
Oublié au fond d’un gnouf.
Lou Bousquet est le patron.
C’est pas qu’il soit vraiment con,
Mais chaque fois qu’il discoure
Des oiseaux ça sent la bourre
Comm’ si dans l’enseignement
Où il a sa vie passée
Il avait perdu son temps
Au lieu de le fair’ gagner
À ceux qui en ont besoin.
Et ici il recommence,
Y sait pus à quoi qu’on pense,
Y boit un coup à deux mains,
Siffle dans l’air des oiseaux,
Se prend pour un mâle en rut,
Avec Marette entre en lutte,
Des fois qu’il s’rait assez tôt
Pour lui piquer la bonn’ place
Que Trigano met d’côté
Pour ses vieux jours de cagasse
Tombée du ciel en été
Pendant que son vrai frérot
F’sait la vraie guerr’ pour de vrai
Avec les vrais grands dangers
De l’existence à l’assaut.
Quand l’esprit perdant haleine
Dans ce qui persiste encore
De l’amour et de la peine,
Près du monument s’endort,
Qu’elle est belle la statue
Des victimes de la guerre
Qui ressuscite à Mazères
Jusqu’au nombril de ses rues.
Pourtant la devise afflige
Le passant qui se recueille,
Et très lentement son œil
Revient au puissant vertige
De ce regard qui plus loin
Ne pourrait porter, regard
Qui vient de plus en plus loin,
Que rien n’arrête au regard
De tant d’épuisement, œil
Dans l’œil, et du fils au père.
C’est ici qu’on se recueille
Quand on a perdu la guerre.
Mais Bousquet fait le mariole,
Exhibant son p’tit canon.
Allez hop ! un bon coup d’gnôle !
Pour prouver qu’il a raison.
Lou Marette est pas d’accord.
Un coup c’est donc le premier.
C’est pas d’main, c’est pas encore,
Qu’il apprendra à compter.
Faut leur montrer comme on s’aime
À ces jeun’s qui font du bruit.
Vive la gendarmerie !
Des craignos c’est l’requiem !
Un gendarm’ c’est l’orthographe
Mise à la portée de tous.
Ça donne un sens à nos piafs,
À la sueur des burnous !
Un gendarme c’est le respect,
On fait pas mieux comm’ nouvelle
Intellectualité.
Allez hop ! Un coup dans l’aile !
Et dans l’ cul des innocents
Qui se tord’nt pour qu’on avale
Qu’ils ont pas les mains autant
Pleines que leurs trous de balle !
Quarant’ fautes z’à la ligne
C’est le prix qu’il faut payer
Pour gagner, c’est la consigne !
Et l’armistice et la paix !
L’exercice de la dictée
Est désormais interdit
Dans les locaux assignés
À ces esprits riquiquis.
Mêm’ que les murs sont tout neufs,
Avec des sécurités,
Que ça fait un effet bœuf
Vu que la proximité
Avec le camp du Vernet
Veut pas dire qu’on les punit
D’avoir bien collaboré
Quand le soleil faisait nuit.
L’ensemble est fort bien placé
Pour être visu par tous
Des fois que des drogues douces
Tenteraient de s’immiscer
Dans la politiqu’ locale
Et dans les mœurs des enfants
Qui font trembler le papal
Et l’alignement des rangs.
Des instits et des gendarmes,
Des curés et des colons,
Lou Marette c’est le charme
D’la dernièr’ Constitution.
Lou Marette c’est la Loi.
Un’ médaille en chocolat
Y donn’ra à tous et celles
Qui voudront couler un’ bielle
Avec lui dans son domaine
Avec ou sans les oiseaux.
Qu’il soit roi ou qu’il soit reine
Lou Marette boit pas de l’eau.
Au Domaine des oiseaux
Ya pas d’oiseaux mais on s’aime.
Faut d’l’amour pour chasser l’eau
Des latrin’s après la flème.
Oun marette en bon patois
Ça serait comm’ qui dirait
Moitié con et moité rat.
L’en est fier, pas aux abois,
Lou Marette qui tôt se lève
Tant qu’il aura une occase
De tirer pour que ça crève
Du côté des Albigeoises.
Des veuv’s et pas qu’des Bougnoules !
C’est pas l’contenu d’son verre
Qu’affirmera le contraire :
On va leur foutre les boules !
Au musée c’est pas la foule.
Font pas recett’ les Barbares.
Au pays des bons Cathares
On a pas perdu la boule !
Une églis’ refaite à neuf
Avec l’argent des athées,
Des musulmans et des juifs
Ça rend nerveux et mauvais ?
Non mais c’est qui qui menace
Les bons chrétiens, les soldats
D’la nation et de l’État ?
On en a vu d’plus coriace.
Des pétards on en manqu’ pas !
Si vous avez des idées
Nous on en sait bien assez
Pour vous réduire en caca !
Caca d’oiseau ou d’anar,
On sait tout de ce merdier
Et si vous nous faites chier
On fait d’vous des Abélards !
Non mais qui qui dit ici
Si c’est pas Lou ti Marette !
Vous sortirez pas d’ici
Avec tout’ votre quiquette !
Vous en rest’ra pas z’assez
Pour fair’ des cochonneries !
On va les endoctriner
Dans notre gendarmerie
Les fifill’s que l’anarchie
Attire comme les mouches !
Les bott’s contre les babouches !
Non mais qui qui ici chie !
Main armée pour te servir,
Bras d’honneur pas catholique,
En patois et en sabir
Un’ milice c’est des flics.
On imagin’ le touriste
Voyant passer un’ bagnole
Avec l’écu des marioles
Élus sur une seul’ liste.
Ça fait vieux et ça fait con,
Ça mérit’ pas le respect,
Ça inspire des chansons
Qui ne valent pas un pet.
Le touriste a vit’ fait l’ tour
De ce village en ribote.
Ah ! Marette c’est pas mon pote !
C’est vieux, c’est con, sans recours !
Le campin’ perd du pognon.
À quoi qui s’amus’ Marette ?
Cheminot et patapon,
Qu’est-c’ qu’il fout de sa retraite ?
Yen a marre d’être risibles
À caus’ de ce bon à rien.
Marre d’être inintelligibles
Même en bon français moyen !
Si Mazèr’s est bien en France,
On a envie d’êtr’ Français,
Pas rigolo de province
Et d’Ariège qui plus est !
Il se prend pour un gaulliste,
Lui qui n’a pas fait la Guerre.
Libération des lampistes,
Constitution nucléaire.
La pacification
Chez des autr’s qu’étaient chez eux
Mérit’nt rien de la Nation,
Des clous avec ou sans dieux.
Si la mémoire a un sens,
Qu’elle enjambe les victimes
Pour mesurer tout l’abîme
Qui sillonne nos consciences.
Enfin moi j’dis ça pour dire
Que c’est c’ que dis’nt les minables.
Y dis’ent plein d’trucs pas valables
Que c’en est triste à mourir !
Si c’était moi le taulard
De Mazèr’s et environ,
J’y foutrais le bras armé
Dans ces culs de patachons.
Et j’ t’y f’rais sortir le cœur
Par la gorge et par l’anus.
P’t êtr’ que grâce à ces minus
J’aurais la Légion d’honneur.
Et un… ! Et deux… ! Autant qu’on veut !
Au volant et au bureau,
À la maison et au trot !
Yen aura assez pour ceux
Qui respectent les gendarmes,
Le curé et saint Ricard !
Mais putain c’est pas aux larmes
Qu’ils vont rire les anars !
Ces cons n’ont pas intérêt
De souiller nos uniformes
Avec leur caca d’pédés.
On va te les mettre en forme !
Nous on peut vomir un brin
Si Bobonne est là à l’heure
Pour expliquer aux voisins
Que de nous elle a pas peur.
Les femm’s ça ressemble à rien
Si on les chouchoute pas
Au Ricard et au papa.
La famill’ c’est du bon pain.
Et les enfants c’est pareil.
Faut raconter des histoires.
D’abord le papa Noël
Qui bat les soixantuitards.
Au poteau qu’il te les coiffe
Ces gnognot’s de résistants
Que si c’était l’an quarant’
Ah pétain qu’on s’les assoiffe
Just’ pour voir si zont des couilles
Et si c’est des couill’s de France
Et pas du sperme en errance
Couleur d’un ailleurs en fouille !
On y racont’ra z’aussi
Comment le curé d’Mazères
Sans rien payer sut se faire
Un calice en peau d’zizi !
Le bon pape Benoît seize
Qui s’y connaissait en pain
Fait pipi dans son alèze
Poussant avec ses deux mains.
Excusez ! C’était moins quat’ !
Ils sont tous tell’ment pareils
Qu’avec cinq doigts à la patte
Pour compter douze bouteilles
Et cinq autres pour gratter
Les imag’s du saint Missel,
On est en droit d’se tromper
D’anus et même de selles !
Le bon pape Benoît douze,
Dominique la Piquouse,
Et un Jésus Christ in-douze,
Un prépuce avec bagouse
Et un bras en peau d’honneur,
V’là Loulou à la perlouze,
F’sant des bull’ à Benoît douze
Dans l’ bénitier du bonheur !
Ah ! c’que c’est chouett’ de piquer
Un’ tête et le saint frusquin
Avec des airs d’saint glinglin
Pour le scrotum dilater !
En ces temps d’incertitudes
Ya pas comme un pape en peau
Pour vous donner l’habitude
De pratiquer le pipeau !
Ya un’ rue qui port’ son nom,
Une rue plein’ de cacas d’ chiens,
À Mazères, mine de rien,
Le nom d’un gros assassin.
On s’en fout, on a gagné.
Et c’est pas demain la veille
Que les sans zôneurs, les gueilles,
Les famill’s des fusillés
Pour l’exemple et le bon sens,
Que tous les sans foi ni loi,
Buveurs de Coca-Cola,
Ah ! c’est pas demain, bon sang !
Que la racaill’ des banlieues,
La pourritur’ de nos fermes,
Les grapheurs de nos saints lieux,
Profaneurs de nos francs spermes,
Les parasit’s de nos rangs,
Les critiqu’s de la Nation,
C’est pas d’main que ces marrants
Du discours et du ronflant
Vont niquer à notre place
Les zoziaux de notr’ domaine.
Nos fonctionnair’s à la peine
Les remettront à leur place.
Qu’ils compt’nt pas trop nous la faire
On connaît tous nos poissons.
On est des anciens d’ la guerre.
De nous faut faire attention !
On en a plié plus d’un,
Au fer rouge et au clairon,
Le ventre plein ou à jeûn,
Le slip en accordéon.
On est de vrais faux témoins
Que c’était un mal des dents
Et qu’on y était pour rien,
Comm’ disait notre adjudant.
À nos pieds les déserteurs !
Ceux qui veul’nt pas fusiller
Les désarmés, les bébés !
À la chasse aux emmerdeurs !
Ya un curé pour haïr
Et des flics qui lir’ ne savent.
Haro sur la tirelire
Avant qu’ils s’en aperçoivent !
Le curé bénit les chiens
Et maudit la République
Secouant mine de rien
Les os de la Monarchique !
Ya des caméras pour ça.
Lou Marette n’en rat’ pas une.
Et en douce, fissa, fissa,
On dit qu’il se fait d’la thune.
C’est des langues bien mauvaises.
Lou Marette a de la peine.
Les cuculs des citoyennes
C’est loin d’êtr’ de la foutaise.
On va tomber en prière
Au pied de la vierge en feu
Et supplier le bon Dieu,
Avec les pieds bien sur terre,
De causer un accident,
Si possibl’ qu’il soit mortel,
Avec des os et du sang,
Si possible avant Noël,
Avec des cris d’ambulance,
Si possibl’ de Lou Marette
Et des petits airs de France,
Si possible avant les fêtes,
Avant que les élections
Nous enlist’nt une fois sur deux
Et nous inspire l’action
Qui est défendue par Dieu !
On n’est pas des assassins !
Mais ça commence à bien faire !
Et pour ce qui est du verre,
Un de trop ce serait bien !
Tsoin ! Tsoin !