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Suite du Perroquet de Louis Marette
Le perroquet de Louis Marette – texte intégral
La Passion de Louis Marette (11)
Mais le baptiste est têtu. Il en a une à placer, directement inspirée par les hautes instances du Ciel… qui deviendra vert si Dieu le veut. Et si jamais il le veut, Marette ne manquera de rien… jusqu’à atteindre sa destination, pense Jim Morrison en baissant la tête pour regarder ses pieds qui le mènent il sait bien trop où en compagnie d’un compagnon des servitudes et de leurs supposées grandeurs. Il la place :
« Je me répète peut-être, ahane-t-il, mais je suis venu pour ça… en espérant ne pas y rester… parce que la dernière fois j’en ai perdu la tête…
— L’avantage avec les perroquets, c’est qu’ils se ressemblent tous… titube Marette dans son herbe. Je sais pas s’ils sont de la même famille, mais le vert leur est commun comme le drapeau à la nation… répète voir un peu, Jimmy…
— Je disais que le retour du Sau…
— Tu ne vas pas recommencer !
— Il le faut bien si je me répète…
— Mais les perroquets ne recommencent pas… !
— Et qu’est-ce qu’ils font alors pour rester perroquets… ?
— Hé bé té ! Ils continuent !
— Justement dit ! Car si je continue ce que j’ai commencé…
— « le retour du sot… heu… du seau… »
— J’en viendrais à dire…
— À répéter… ! Il n’y a pas de religion sans répétition… Tout recommence et ça continue…
— Le retour du Sauveur est…
— Du Sauveur ? Moi ? »
Marette s’arrête, éberlué par son image reflétée dans les perroquets vides qui jalonnent son chemin de croire.
« Moi ? Sauveur ? Et mon père qui prétendait que j’étais bête comme mes pieds et méchant comme la teigne ! »
Il rejette ses genoux dans le vert de l’herbe et des transparences.
« Je ne le serais donc plus !
— Il n’y a pas de Sauveur qui le soit…
— Le vert m’a donc purifié…
— Il le faut bien, sinon la Prophétie n’en est plus une…
— Je suis tombé dans un perroquet quand j’étais petit ! »
Marette sautille sur son propre corps…
Note : N’oublions pas en effet qu’il est mort, enchevêtré maintenant dans la carcasse platanisée de sa voiture. Le présent récit exploite toutes les possibilités narratives de ce double plan : la vie, où il est mort ; et la mort, où il est sauvé… à défaut d’être vivant. L’auteur se place dans cette perspective, sorte de miroir qui se regarde lui-même et… voit ce qu’il voit. Passons…
« Et revenons à nos moutons, dit le baptiste anglo-saxon.
— Papa a bien fait de me l’envoyer cette tord-gnole…
— Le ciel était bleu et le perroquet vert…
— J’en fais mon drapeau, comme saint Jean les sardines…
— Je vois… le perroquet se boit bien frais…
— Sinon il ne réchauffe pas… »
Disant cela, Marette fait un saut. Puis il met le pied dans un seau et frappe ce sceau dans l’herbe. Il constate :
« C’est pas sot… Constate par toi-même, ô Baptiste…
— Je sais déjà tout… »
À ces mots, Marette devient rose. Il craint aussitôt d’ajouter cette couleur à son drapeau.
« Dis-moi tout ! couine-t-il. Je veux savoir…
— Tout le monde le sait… Même les musulmans le savent…
— Et moi qui n’en sais rien… !
— As-tu été au catoche… ?
— Je l’ai même fini ! D’un trait ! Cul…
— Et bien ça recommence…
— Mais comment ça commence… ?
— Un platane… enfin… un truc en bois…
— Un truc en boa… Zizi !
— Non ! Pas en plumes ! Et puis…
— Et puis…
— Tes seules femmes seront l’une ta sainte mère (pas l’autre) et l’autre une pute…
— (soulagé) Ah ! Je baise encore ! Ça faisait longtemps…
— Tu confonds perroquet et viagra… C’est pas bon les mélanges…
— Pas de mélange… ? Je comprends plus rien à ta prophétie, Baptiste… »
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