
Patron d’une organisation secrète et criminelle de nature terroriste, responsable de bavures policières mortelles[1], auteur de faux papiers à usage criminel[2], le cadavre de Charles Pasqua ne passera pas les portes du Purgatoire si cher à ses bâtards politiques.
Il n’a pu « résister à l’opportunité de favoriser ceux qui lui étaient chers » et, pour couronner cette sainte activité népotiste qui jette le doute sur ses activités résistantes, il a commis quelques abus de confiance légèrement sanctionnés par une justice acquise à la raison d’État.
Heureusement, ce prétentieux qui prétend se faire passer pour un personnage de Pagnol ne réussit pas à réunir les signatures nécessaires pour se présenter à la présidence de la République. Comme s’il était utile d’ajouter un pitre à d’autres charlots !
Il ira en Enfer ou pourrira comme c’est le destin des animaux. Grand bien lui fasse. Il a bien profité de l’existence et de la bêtise des hommes. De la bêtise et de la turpitude, car si les uns sont animés par une bêtise héréditaire, les autres, comme Trompe-la-mort, font les ânes pour avoir du foin.
À l’heure où l’Allemagne retrouve ses grands airs et où la France se prépare à une nouvelle forme de collaboration, le bilan moral de la classe politique n’est pas folichon, d’autant que la domesticité qui s’y attache comme l’omelette à la poêle assure confortablement la pérennité du jacobinisme, lequel est heureusement tempéré de l’extérieur par la puissante modernité américaine. Il n’en reste pas moins que les deux autres paramètres du fascisme, le nationalisme et l’autoritarisme, continuent de s’installer le plus tranquillement du monde dans des cervelles dont la majorité n’a pas atteint le niveau de lecture à son entrée en sixième.
Mais de la même manière que nos magistrats ne sont plus, depuis belle lurette, des hommes de Lettres, les politiciens s’encanaillent.
Au dernier salon du livre de Paris, le président de la République, fidèle à sa vulgarité ordinaire, s’est exprimé dans un français approximatif et fautif :
« La raison de ma venue ici, c’est pour la liberté d’expression, parce que ce qui fait la force de la France, de sa culture, c’est la liberté. Nous avons été frappé au mois de janvier, ce Salon est aussi une des réponses… »
Celui qui ne saisit pas la médiocrité de ce propos, tant sur le fond que sur la forme, n’est pas non plus digne de s’exprimer en famille.
« Je ne veux pas intervenir dans les affaires judiciaires, mais ce que je peux faire au nom de la France, c’est toujours soutenir la liberté d’expression, de création, et ça vaut aussi pour les auteurs, qui peuvent être Français, qui peuvent être Italiens, qui peuvent être de toute nationalité, et qui ne doivent pas être poursuivis pour leurs textes… »
Dois-je penser que ce président adapte ses formules à ceux qu’ils considèrent comme des ignares ? Ou me dire qu’il ne vaut pas plus cher sur le terrain de la moindre éducation ?
Et après ça, on s’étonne que des pasquas commettent des crimes impunis par définition.
La France prend de plus en plus des allures de maffia. Sa constitution faussement démocratique a installé une puissante aristocratie de larbins dont certains, comme au bon vieux temps, sont plus riches que leurs maîtres. Et une classe de larbins de larbins croît dans les mêmes proportions. Voilà qui va être du goût de l’Allemagne. À la prochaine…
Certes, mais à l’autre bout du territoire national, lequel est comme qui dirait l’arbre qui cache la forêt, c’est un train qui peut en cacher un autre.
Les pigeons, les canards et les oies forment le gros du bataillon. Quelques cigognes paresseuses apparaissent de temps en temps dans le ciel mazèrien. Elles auront été la meilleure et la seule bonne idée que Louis Marette, maire de Mazères, a empruntée à l’entourage qui pense à sa place.
Qui ne connaît pas les pigeons de Marette, qu’on entend roucouler entre mâles alors que les femelles sont allées voir ailleurs ?
Qui n’a pas mis le pied sur une crotte qu’un canard apprivoisé a déposé sur votre chemin ?
Qui n’a pas vu passer les oies de Marette, bancales comme Félicie, à l’heure où le citoyen fait le pied de grue devant la porte ?
Comme l’ambiance du Domaine des oiseaux relève plus du domaine que de l’oiseau !
On y rencontre des petits pasquas, heureux de profiter d’une si bonne retraite. Et ceux-là ne méritent pas, comme la Sand, d’aller en Enfer. Ils sont déjà au Paradis. Et ils y resteront. Il faut dire que leurs crimes sont mignons comme tout.
Le pire de tous, c’est l’organisation de la Fête.
Elle dure trois mois, du 21 juin au 20 septembre. Comme avant, quoi.
Et pas moins de dix évènements de haute culture la jalonnent.
Musique, saint Jean, Païs (colonisé), pompiers (les vrais, pas les peintres), Moyen-âge, concert, chien, manouches, vendanges. Sans oublier bien sûr la seule qui vaille le détour : la locale, bruyante et sympathique, qui hélas ne dure que deux malheureux jours.
Évidemment, rien pour les jeunes. Mauvais swing, manouches fatigués, Moyen-âge de pacotille, concert aux canards, chiens de cathos et vin douteux. Voilà ce que Mazères doit à ses retraités vernis, enfants gâtés de la domesticité nationale. Les pompiers méritaient mieux…
On mesure ici toute la distance qui sépare l’aristocratie pasquaienne de la valetaille territoriale. Il y a loin de l’Enfer au Paradis.
Le principe fondateur est pourtant le même. On pourrait en conclure qu’il vaut mieux s’acoquiner avec Louis Marette qu’avec Charles Pasqua.
La morale, principe d’honnêteté et de sincérité, veut qu’on ne s’acoquine pas du tout. Car ce qui l’honore, c’est qu’on agisse selon les bons principes. On n’en est certes pas toujours récompensé. Tous les honnêtes gens savent cela. Mais gagner le Paradis sur de mauvais principes n’est pas moral. Au moins, ceux qui suivent le vieux Pasqua sont condamnés d’avance.
En conclusion, si vous tenez, comme toute honnête personne, à le rester, choisissez tous moyens de supprimer tant Pasqua que Marette de la vie publique et même de la vie tout court. Sinon, vous serez malhonnête et à moins que Dieu et l’État ne soient qu’une seule et même engeance, vous irez pourrir en Enfer ou rôtir dans un incendie allumé juste pour vous. Et pas qu’à la Saint-Jean, monsieur le Président de Paris.

1. Robert Boulin ? Juge Pierre Michel ? Malik Oussekine… et bien d’autres existences.
2. « Son passage au ministère de l’Intérieur a marqué les esprits… » grouine Éric Ciotti, le rase-motte crotté de la sécurité, maître à penser de Louis Marette.
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